L'amant de la mort

de Boris Akounine
U.g.e - 2009
441 pages - 14,95 $
Pourquoi ce livre

Bien honnêtement, je ne connaissais pas cet auteur et si j'ai acheté ce livre, c'est parce qu'il était offert à prix dérisoire dans une boutique de livres d'occasion et, aussi, parce qu'il fait partie de la collection Grands détectives de 10/18, ce qui est généralement gage de bonne qualité. 

Résumé 

Eraste Fandorine, fin limier aux allures de dandy, est de retour à Moscou en cet été 1900, mais il n'aura guère le temps de flâner! Cet incorrigible justicier n'a jamais pu résister aux charmes vénéneux d'un mystère criminel. Tout en enquêtant sur une série de suicides, il doit démêler une sordide affaire de meurtres, après la découverte des corps d'une famille sauvagement assassinée. Mais Fandorine doit se méfier, car, dans les hautes sphères du pouvoir, tous ne se réjouissent pas de son retour. 

Heureusement, il peut encore compter sur quelques amis dévoués, son zélé Massa et un garnement des bas-fonds, Senka, décidé à prendre une revanche sur la vie... 

Le grand Boris Akounine livre avec L'Amant de la mort et son «roman-miroir», La Maîtresse de la mort, une formidable expérience littéraire: deux enquêtes distinctes qui se répondent et se complètent... et peuvent se lire dans n'importe quel ordre!

L'histoire sans la dévoiler

On suit les (més)aventures de Senka, un jeune paumé qui au gré de ses rencontres se retrouve des deux côtés de la justice, en partant par le mauvais. Il a la chance de croiser la route de Fandorine qui l'amènera à faire le bien. Les démêlés de Senka, quand il découvre un trésor qui sera très convoité, nous permettent de suivre l'enquête menée par le détective et son fidèle Massa suite à plusieurs meurtres particulièrement cruels. Plusieurs criminels se croisent et paraissent tous plus coupables les uns que les autres, mais il faut se méfier des apparences...

Un extrait

"Eh ! Skorik, zyeute donc pas comme ça ! Autrement le Prince pourrait bien te détacher les esgourdes et te forcer à les bouffer, comme il l'a fait l'autre fois avec un maquignon de Volokolamsk. Lui aussi, la Mort lui avait tapé dans l'oeil, au maquignon, je veux dire. Eh bien, il a fini de matouser."

La traduction ? Le Prince et la Mort sont deux protagonistes, la Mort étant la maîtresse du Prince.
Les esgourdes sont les oreilles, le maquignon un homme, matouser c'est espionner et zyeuter, regarder.

Ce que j'en pense

J'ai bien aimé le style d'écriture, particulièrement le début truffé d'argot. J'avais parfois l'impression d'être dans un Audiard tant les dialogues sont imagés (même s'ils en sont parfois difficiles de comprenure). Au fur et à mesure de l'ascension de Senka, le dialogue devient plus châtié, ce qui rend le livre plus facile à lire et qui nous permet d'accompagner Senka dans sa progression sociale.

Les chapitres commencent par une description de l'action à suivre sous forme de titre, même si parfois ce que l'on imagine n'est pas ce qui arrive : l'auteur joue avec les mots pour nous déstabiliser et nous empêcher d'être trop confiant quant à notre capacité à savoir à l'avance ce qu'il va se passer. Les titres contiennent tous le nom de Senka, puisque c'est à travers lui que l'on vit l'histoire. Un exemple de titre : "comment Senka devint une mamzelle" (Une mamzelle est une prostituée).

L'intrigue monte tranquillement, mais sûrement. Le fait de suivre l'enquête à travers Senka et non Fandorine, fait que nous n'avons pas toutes les cartes en main dans la progression de la réflexion. On ne sait pas ce que le détective fait lorsqu'il n'est pas avec Senka, ce qui nous place en spectateur du dénouement : il est donc difficile de trouver par soi-même le coupable.

Dernier point à ajouter, ce livre permet de vivre de l'intérieur (à travers Senka) ce qu'était la vie en Russie à cette époque, avec ses codes, sa hiérarchie, ses quartiers. La vie y était dure et corrompue, du moins dans les bas fonds, puisque les beaux quartiers y étaient protégés. On se sent un peu dans Les misérables, version russe, et avec en prime une enquête.

Bref

Un auteur à lire qui nous permet de découvrir une Russie brute de coffre et de savourer un langage presque disparu de nos jours. D'ailleurs, je tire mon chapeau au traducteur Paul Lequesne qui a fait un remarquable travail de recherche pour trouver l'argot français qui correspond à celui utilisé par Akounine.

Une enquête dans laquelle les rebondissements sont nombreux. Un détective aussi british qu'un Russe peut l'être. Une véritable ambiance propre à l'auteur. Bref, Akounine, considéré comme la coqueluche de la littérature russe, collectionne les lecteurs et je comprends pourquoi : à tester !

À savoir

L'amant de la mort est un roman miroir dont le double s'intitule La maîtresse de la mort. Les deux livres peuvent se lire dans n'importe quel ordre, car les deux enquêtes se déroulent en même temps et au même endroit, mais avec des personnages différents - mis à part Fandorine et Massa. Il y a d'ailleurs quelques allusions à l'autre enquête dans L'amant de la mort quand Fandorine annonce qu'il a dû s'occuper d'une autre enquête pour expliquer son absence. 

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