Un certain goût pour la mort

de P. D. James
Roman policier
Édition Mazarine - 1987
489 pages - livre offert

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Pourquoi ce livre ?

Tout simplement parce qu'on me l'a donné, que c'est un roman policier et que le nom de P.D. James ne m'était pas inconnu, même si je n'avais rien lu d'elle. 

Le résumé

Le commandant Adam Dalgliesh, de Scotland Yard, fouille dans le passé de Sir Paul Berowne. Cet aristocrate, promis à un brillant avenir politique, a été trouvé égorgé dans la sacristie d'une église de Paddington, aux côtés d'un clochard, lui aussi saigné à blanc. 
Qui était Paul Berowne ? Une vendetta familiale, une jeune fille noyée dans la Tamise, une conversion mystique - autant d'indices qui semblent ne mener nulle part. Mais c'est peut-être en lui-même que Dalgliesh trouvera la réponse. Car ce flic peu ordinaire, poète à ses heures, amateur d'architecture et de musique baroque, possède lui aussi un passé douloureux. Et un certain goût pour la mort. Le destin de Paul Berowne et celui d'Adam Dalgliesh finiront par se rejoindre - à la dernière page de ce prodigieux roman à suspense. 

L'histoire sans la dévoiler

Dalgliesh et son équipe nouvellement formé dédiée aux crimes graves. On suit donc l'enquête pour trouver le meurtrier de Paul Berowne - et par la même occasion du clochard - et ce, grâce aux différents interrogatoires menés à tour de rôle par les membres de la brigade. 

Ce que j'en pense

J'ai retrouvé avec plaisir le petit côté suranné des policiers anglais, la déco très fleurie des demeures victoriennes, les traditionnelles dégustations de thé et petits sandwichs... D'ailleurs, là-dessus, P.D. James est très forte pour nous amener dans son monde. Les descriptions sont très bien faites, très réalistes, le vocabulaires est précis, succinct, il est donc très facile de s'imaginer la pièce, la scène ou de visualiser le tableau décrit. 

La force de l'auteure est cependant ce qui m'a le moins plu dans le roman. Je ne suis pas une adepte des descriptions interminables et récurrentes. Or, c'est ici une très grande part du livre. L'arrivée de Dalgliesh dans la clinique de l'amant de la veuve s'étale sur plusieurs pages... non pas de dialogues juteux, cinglants et pleins de sous-entendus tel que je l'espérais, mais de descriptions de chaque pièce traversée, des personnes rencontrées, des tableaux sur les murs et - histoire de ne pas manquer d'éléments visuels - même de ce que Dalgliesh voit à travers la fenêtre: les jardins de la clinique (autrement dit, une patiente qui se promène avec une infirmière, ça, ça rajoute de quoi au récit!)  

La description a cela de bon, toutefois, lorsque P.D. James trace un portrait - pas forcément partisan - de la haute société anglaise, mais aussi des relations hommes - femmes ou de la vieillesse et ce qu'elle implique pour les proches. L'analyse des personnages et des relations est donc très bien menée, c'est visiblement un point fort chez l'auteure. 

Ceci dit, on connait le meurtrier assez rapidement grâce en partie à la façon bien menée de l'auteure de nous faire ressentir les non-dits et les malaises lors des interrogatoires - et en partie parce que le commandant Dalgliesh l'annonce avant la fin. Donc, pas de fin de livre retentissante, pas de "bon sang je ne m'en doutais tellement pas!", pas de retournements de situation chocs, mais quand même il y a un moment où l'on se prend à avoir peur pour de potentielles victimes. 

Dans l'extrait ci-dessous Dalgliesh est chez un couple pour y interroger la femme. En lisant ce passage, j'ai totalement vécu ce moment de gêne que ressentait le commandant en mangeant son gâteau et j'ai trouvé que l'auteure réussissait à merveille à nous faire vivre cette scène. Qu'en pensez-vous ?

Un extrait

Sans dire un mot, sa femme lui remplit une tasse de thé qu'elle plaça devant lui. Au lieu de la prendre dans sa main, l'homme se pencha et but bruyamment à même la table. Sa femme ne lui jeta pas un seul regard. Elle avait posé devant le visiteur un plat contenant un gâteau à moitié coupé. Un gâteau aux noix et à la confiture d'orange, précisa-t-elle. Sèche et fade, la pâtisserie se désintégra dans sa bouche pour former une pâte collante. De petits morceaux d'écorces d'orange perdus dans l'ensemble avaient un goût aigre. Il fit descendre cette espèce de plâtre avec une gorgée de thé fort contenant trop de lait. Par intermittences, on entendait une mouche bourdonner dans la pièce. 

Bref 

C'est donc un livre où l'on retrouve avec plaisir le flegme britannique, mais sans le fameux humour anglais - que l'on trouve dans les aventures de Sherlock Holmes par exemple - pour l'agrémenter un peu. C'est à lire si vous préférez les ambiances à l'action et si les descriptions vous enchantent. C'est un roman de facture très classique, dont les personnages sont très bien posés, mais pas assez original ou enlevé pour que j'en reste avec un souvenir impérissable.

À savoir

Ce roman a reçu le grand prix de la littérature policière étrangère en 1988. Quant à P. D. James, elle est, selon le Times, le plus grand auteur de romans policiers de notre époque...

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