Meurtres pour rédemption de Karine Giébel

Pocket (23 avril 2012)
992 pages - 16,95 $


J'ai rencontré Karine Giébel à Quais du polar. J'avais déjà lu et adoré son livre Juste une ombre, j'étais donc super contente de pouvoir lui parler (l'inviter au festival QuébeCrime) et lui demander de choisir mon prochain livre ! Elle m'a demandé si le style très noir ne me faisait pas peur, je lui ai dit que j'adorais, elle m'a répondu qu'avec Meurtres pour rédemption, j'allais être gâtée et m'a dédicacé : Vanessa, Cette plongée dans les entrailles des prisons françaises... Amicalement. 

Honnêtement, j'ai mis du temps à me décider à le lire, parce que justement, ça se passe en prison : j'avais peur de m'ennuyer (ahah, mais quelle erreur de ma part !) et aussi parce que le passe-temps de Marianne, c'est d'écouter les trains (ce qui est quand même super ennuyeux non ?) Et puis, je me suis lancée dans ce pavé (992 pages quand même...

Mais quelle plongée ! Mais quel choc ! Gérard Collard a dit de ce livre "un choc comme je n'en ai jamais eu !" et j'ai envie de dire : dis-donc Gégé, t'as été un peu léger sur ce coup-là non ? Parce que j'ai plus eu la sensation d'une grosse claque dans la tronche ! C'est dur, c'est sombre, très sombre, il n'y a pas trop de place à l'espoir, mais c'est prenant, ça se lit sur le bord de la chaise, on ne peut pas, ne veut pas quitter Marianne - et s'il se passait quelque chose pendant mon absence ? Ha, bah non, c'est un livre ! - on en redemande et on stresse

Marianne, on devrait la détester : elle a tué un petit vieux pour son pognon, c'est moche. Marianne, elle est super coupable, pas de doute possible et en plus elle recommence. Marianne, c'est aussi la gamine abimée qui ne maitrise ni sa force, ni ses sentiments, ni ses pulsions. Pourtant, Marianne, elle, elle aimerait ne pas être mauvaise, et puis, elle est capable d'une grande gentillesse, elle est extrême comme ça. Marianne, c'est un personnage complexe, émouvant, prenant, fort et on ne peut mieux servi par les autres personnages, tout aussi bien écrits. 

L'histoire se passe en (très) grande partie en prisons, oui avec un s, parce qu'on en fait plusieurs, c'est ce qui arrive quand on est une rebelle comme Marianne. Et bon sang! Mais c'est qu'il s'en passe des choses en prison ! Jamais un temps mort, entre les coups bas, les bagarres, l'amitié, l'amour et la haine, c'est tout un microcosme que nous détaille Karine Giébel avec une puissance d'écriture qui nous interdit de lâcher le livre. Résultat : 992 pages qui passent à une rapidité surprenante dans un condensé de sentiments qu'on ressent tour à tour. C'est poignant, triste, désespéré, mais on termine sur une grande philosophie et une plénitude déchirante. Parce que Giébel ne se contente pas d'écrire un excellent livre, elle nous livre un message, une réflexion sur la liberté. La liberté d'aimer, de voyager, de vivre, mais est-on jamais libre même sans barreau ? Marianne finira pas trouver sa liberté et nous donner une belle leçon de vie. 

Mais quelle est l'histoire ?

Marianne, vingt ans. Les barreaux comme seul horizon. Perpétuité pour cette meurtrière. 
Indomptable, incontrôlable, Marianne se dresse contre la haine, la brutalité et les humiliations quotidiennes. 
Aucun espoir de fuir cet enfer, ou seulement en rêve, grâce à la drogue, aux livres, au roulis des trains qui emporte l'esprit au-delà des grilles. Grâce à l'amitié et à la passion qui portent la lumière au coeur des ténèbres. 
Pourtant, un jour, une porte s'ouvre. Une chance de liberté. 
Mais le prix à payer est terrifiant pour Marianne qui n'aspire qu'à la rédemption... 

Bref

Vous l'aurez compris : allez vite lire ce livre coup de poing. C'est sombre, dur, nerveux, pas reposant, mais si on voulait dormir on lirait un Goncourt, pas vrai ? C'est un 5/5 pour moi !

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